Internet

 

Je me permets de donner dans cette rubrique un sentiment personnel. Tout cela nous incite à la modestie.

Un des grands regrets de ma vie de scientifique, c’est de ne pas avoir vu ce qui se tramait à 200 mètres de mon bureau au cours d’un de mes séjours à UCLA.

Il y avait là, un certain Vinton Cerf, collègue en informatique (dirait-on aujourd’hui). Il avait une excellente réputation, mais personne en mathématiques ou en signaux-systèmes ne savait me dire ce qu’il faisait. Excusez du peu, il mettait au point les protocoles des communications, les fameux TCP-IP[1], ceux qui servent aujourd’hui partout dans le monde !

Une autre figure historique de l’informatique travaillait là aussi, Léonard Kleinrock, l’inventeur de la commutation par paquets[2] (celle qui sert aussi aujourd’hui de façon universelle) et de la formulation mathématique des réseaux. C’est son ordinateur qui a été le premier nœud du réseau américain en construction.

Le premier message[3] sur Internet (dans l’histoire de l’humanité !) est parti de UCLA vers le « Stanford Research Institute » (SRI) le 29 octobre 1969 à 22 heures 30 : ces précisions figurent sur le compte rendu des activités de ce fameux jour reproduit dans le site personnel de Léonard Kleinrock.

J’étais cette année là à UCLA. Comme beaucoup de mes collègues, nous ne savions pas que d’autres que nous vivaient un moment historique, ni que des collègues posaient dans des bureaux voisins des nôtres les jalons fondamentaux d’une révolution fantastique : les réseaux de communication.

 


[1]. Abréviations de Transmission Control Protocol et de Internet Protocol.

[2]. On découpe un fichier en petits paquets de longueur fixe. On envoie ces paquets les uns après les autres, chacun suit sa route. À l’arrivée, il faut faire l’assemblage de ces paquets.

[3]. Le premier message envoyé est « login », les lettres « l » et « o » arrivèrent à bon port… puis le système se planta ! Après une heure d’ajustements, le message entier fût transmis.