EDUCATIONS NATIONALES

L’école a connu un grand développement avec l’arrivée des idéaux révolutionnaires et la révolution industrielle. Cette dernière exigeait progressivement plus d’instruction. Si bien que vers la moitié du 19ème siècle, un peu partout en Europe, on a vu fleurir une politique d’éducations nationales. En France, Les lois de Guizot en 1833 et de Jules Ferry en 1881-1886 ont mis en place un système robuste d’éducation. L’enseignement est devenu obligatoire, gratuit et laïque.

Il fallait donc enseigner, apprendre à apprendre, faire des innovations pédagogiques. Les enseignants se devaient d'apprendre eux-aussi, d’innover.  Chacun apportera sa pierre à l'édifice de l'éducation. Plusieurs d’entre eux se sont révélés et ont joué le rôle de pionniers. Notons parmi les plus connus :

Jérôme Bruner (Etats-Unis, passage du concret à l’abstrait), 1915-2016

Célestin Freinet (France, expérimenter, acteur de sa formation), 1896-1966

Maria Montessori (Italie, matériel sensoriel), 1870-1952

Jean Piaget (Suisse, le développement de l’intelligence), 1896-1966

George Polya (Hongrie, résolution des problèmes), 1887-1925

Richard Skemp (Royaume-Uni, compréhension), 1919-1995

Rudolf Steiner (Autriche-Suisse, rythme d’apprentissage), 1861-1925.

 

L’Europe et le monde entier ont bénéficié des idées et des travaux de ces pionniers dans le domaine de la pédagogie.

Mais de tous temps, des penseurs se posaient les questions importantes suivantes : l’intelligence, c’est quoi ? Depuis quand sommes-nous devenus intelligents ? Sommes-nous les seuls ? Quid de animaux ? En France, Jean-Pierre Changeux, né en 1936, a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet, dont « L’homme neuronal » publié en 1983. On a vu se développer des recherches sur lesdites « Sciences Cognitives ». Wikipédia les décrit ainsi : « Les sciences cognitives constituent une discipline scientifique ayant pour objet la description, l’explication, et le cas échéant la simulation des mécanismes de la pensée humaine, animale ou artificielle, et plus généralement de tout système complexe de traitement de l’information capable d'acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances. »

Depuis une trentaine d’années, les chercheurs dans cette discipline bénéficient de certains apports considérables de la technologie. Quels sont-ils ?

L’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM-protons-1973/76) est à la pointe de la recherche, elle n’en finit pas de nous clarifier de nombreux concepts. En particulier le rôle du sommeil dans le renforcement des connaissances : le cerveau double la mise. Comment ? Tout simplement, on constate avec l'IRM que les neurones qui travaillent le jour se remettent au travail la nuit. Eh oui, on a mis des enfants dans des scanners IRM le jour et la nuit ! On découvre ainsi qu'il faut faire un enseignement fragmenté : plutôt 8 fois ¼ d’heure qu’une fois 2 heures.

La microscopie par excitation à deux photons (M2P) est une technique d'imagerie cellulaire combinant les principes de Microscopie à fluorescence et de l'absorption à deux photons. Elle a été développée en 1990 par Watt W. Webb, Winfried Denk, et Jim Strickler à l'Université Cornell. (Wikipédia). Elle permet, par exemple, de « voir » à l’intérieur des cellules, mais aussi d’identifier et suivre des neurones qui s'activent pour une activité particulière.

Les mini-capteurs d’électroencéphalographie et de débit cérébral.

Un vaste choix des stimulus, réponses aux changements : les vidéos et chronomètres permettent de mieux cerner les temps de réactions et d'en déduire des informations sur la compréhension de certains phénomènes par les enfants…

Le livre de Stanislas Dehaene, Apprendre ! (Odile Jacob 2018) fait un bilan de la situation et décrit très bien le fonctionnement du cerveau. Il en tire plusieurs piliers et maximes pour l’épanouissement des enfants.

Parallèlement, les recherches pédagogiques continuent. Singapour a fait un usage très intensif de l’existant pour créer un enseignement adapté à sa situation, le travail des pionniers de la pédagogie a beaucoup servi. Singapour est passé en tête dans tous les classements internationaux en une vingtaine d’années à peine, fantastique ! Dans sa conférence sur la Méthode de Singapour, l’auteur propose une analyse assez détaillée de cette méthode (http://www.jean-cea.fr/conferences-1), il y décrit aussi la face cachée de Singapour. Il montre aussi que le copier-coller ne fonctionne pas pour créer une politique nationale d’éducation. Il y a trop de paramètres à prendre en compte. Par exemple, le mode vie en Finlande est beaucoup plus proche du notre que celui de Singapour. Aussi, une formation à la finlandaise serait plus acceptable qu'une formation à la singapourienne.

Les chercheurs en pédagogie, dans la lignée des pionniers, continuent d’apporter des contributions importantes. Il en est ainsi de Cécile Alvarez qui a revisité la Méthode de Montessori au cours de son expérience pédagogique de Gennevilliers. Son livre Les lois naturelles de l'enfant (éditions Les Arènes, 2016) apporte aussi des nouveautés, https://www.celinealvarez.org/videos-et-fiches. Et puis, des résultats très intéressants sur La plasticité cérébrale et les 4 règles d'or de Cécile Alvarez. 

Puis, disons que la psychologie positive s'invite dans l'éducation avec Carol Dweck ("Osez réussir !") et les théories implicites de l'intelligence. Un article intéressant sur le sujet.

Et enfin, voilà que l'un plus grands vulgarisateurs scientifiques, le physicien Richard Feynman nous dit que pour bien apprendre, il faut enseigner ce que l'on apprend !

(Selon Wikipedia) Feynman a été un vulgarisateur très influent, par ses cours et ses livres. Citons en particulier une conférence de 1959 sur les nanotechnologies intitulée There is Plenty of Room at the Bottom (en) (« Il y a plein de place au fond »). On se réfère souvent à Feynman comme au « Great explainer » (« le grand explicateur ») : en effet, il prenait beaucoup de soin dans ses explications aux étudiants, en mettant un point d'honneur à ne pas utiliser de formulations pédantes, mais à être le plus accessible possible aux autres. Son principe de pédagogie était que s’il ne pouvait présenter un sujet durant un cours de première année, c'est que lui ne l'avait pas complètement compris. Feynman eut beaucoup de plaisir à présenter son explication de « niveau première année » de la connexion spin-statistique quantique (les particules de spins 1/2 se « repoussent », tandis que les particules de spin entier « s'agglomèrent »), une question sur laquelle il revint dans ses Cours de Physique, et qu'il résolut complètement en 1986 dans le Dirac memorial lecture.

Il s'opposa à l'apprentissage par cœur et aux autres méthodes d'enseignement qui mettaient l'accent sur la forme, plutôt que sur le fond, partout où il allait : que ce soit dans une conférence sur l'éducation au Brésil, où il critiqua sévèrement le système d'apprentissage, après y avoir enseigné pendant 10 mois, ou devant la commission d'État chargée de choisir les manuels scolaires. Penser clairement et présenter clairement étaient des prérequis fondamentaux pour avoir son attention. Il était même périlleux de l'approcher quand on était insuffisamment préparé. Parmi ses étudiants, on peut citer le physicien français Jean Robieux et l'astrophysicien québécois Hubert Reeves.  Un autre article sur Feynman